Dominique Fernandez à l'Académie française
SÉBASTIEN LAPAQUE. (Le Figaro 9-3-2007)
Le romancier et essayiste a été élu hier au fauteuil de Jean Bernard par 21 voix.
AU COMMENCEMENT, il y a une vision émerveillée de la Méditerranée et du golfe de Naples.« Jamais je n'ai oublié cette découverte, fondatrice de tout ce que je suis devenu ; souvenir physique qui me trouble encore », écrira Dominique Fernandez. Plus tard, il y a eu Jérusalem, Constantinople, Rio, Palmyre, Moscou, Saint-Pétersbourg... Au cours de ses voyages, l'écrivain a toujours pris soin de prêter son bras à une ombre choisie : Michel-Ange, Bernin, Vivaldi, Casanova, Dostoïevski, Haydn, Nabokov, Pasolini.
En l'élisant au fauteuil du professeur Jean Bernard, décédé en avril 2006, les membres de l'Académie française ont ouvert les portes de leur maison à un homme de culture, enraciné dans le Grand Siècle et les Lumières, soucieux de témoigner « pour ce qui dure contre ce qui fait semblant de durer ».
Né à Neuilly-sur-Seine le 25 août 1929, Dominique Fernandez a vite été auréolé de tous les prestiges d'un brillant sujet. Latin, grec, allemand, italien : sa formation a fait de lui un humaniste complet, étranger au moderne cloisonnement des disciplines et des savoirs. Lycéen à Buffon, élève d'hypokhâgne et de khâgne à Louis-le-Grand, après avoir passé son baccalauréat en 1946, Dominique Fernandez est entré à l'École normale supérieure en 1950. Il a été reçu deuxième à l'agrégation d'italien en 1955, et a soutenu un doctorat ès lettres sur L'Échec de Pavese en 1968, dix ans après avoir publié Le Roman italien et la crise de la conscience moderne.
Aux alentours de sa trentième année, l'auteur de Mère Méditerranée (1965) a enseigné deux ans à l'Institut français de Naples. En novembre 1957, il a été brutalement suspendu de ses fonctions pour avoir donné sur Roger Vailland une conférence qui manquait de caractère officiel. De retour en France, l'écrivain a été nommé professeur d'italien dans un lycée de Rennes, puis à l'université de Haute-Bretagne, où il est resté pendant plus de vingt ans. En 1961, il avait épousé la romancière Diane de Margerie dont il a eu deux enfants. Romancier de bonne heure, entré dans la carrière en 1959 avec L'Écorce des pierres, apprécié pour son lyrisme et la précision de son style, lauréat du prix Médicis, en 1974, pour Porporino, et du Goncourt, en 1982, avec Dans la main de l'ange, Dominique Fernandez est l'auteur d'une oeuvre largement placée sous le signe de l'homosexualité.
Un père absent
Ses livres sont aussi marqués par son expérience personnelle des hasards et des risques du monde. Ainsi du destin funeste de son père. Ami de Marcel Proust et d'André Gide, grand critique de la NRF, issu d'une famille aristocratique mexicaine, Ramon Fernandez a fait partie des intellectuels de gauche passés à la collaboration via le PPF de Jacques Doriot. Il est mort, en 1944, avant d'avoir couru le risque d'être fusillé, mais n'en est pas moins resté un écrivain maudit dont on a presque oublié qu'il a laissé quelques grands essais. La fin sordide de ce père absent a beaucoup frappé l'imagination de son fils de 15 ans.
Riche d'un demi-siècle de voyages et d'écriture, l'oeuvre de Dominique Fernandez est restée ouverte, comme s'il y avait toujours pour lui de nouveaux sujets d'enchantement, de nouveaux livres à venir. Et la joie depuis hier de rejoindre bientôt la compagnie des Immortels.
SÉBASTIEN LAPAQUE. (Le Figaro 9-3-2007)
Le romancier et essayiste a été élu hier au fauteuil de Jean Bernard par 21 voix.
AU COMMENCEMENT, il y a une vision émerveillée de la Méditerranée et du golfe de Naples.« Jamais je n'ai oublié cette découverte, fondatrice de tout ce que je suis devenu ; souvenir physique qui me trouble encore », écrira Dominique Fernandez. Plus tard, il y a eu Jérusalem, Constantinople, Rio, Palmyre, Moscou, Saint-Pétersbourg... Au cours de ses voyages, l'écrivain a toujours pris soin de prêter son bras à une ombre choisie : Michel-Ange, Bernin, Vivaldi, Casanova, Dostoïevski, Haydn, Nabokov, Pasolini.
En l'élisant au fauteuil du professeur Jean Bernard, décédé en avril 2006, les membres de l'Académie française ont ouvert les portes de leur maison à un homme de culture, enraciné dans le Grand Siècle et les Lumières, soucieux de témoigner « pour ce qui dure contre ce qui fait semblant de durer ».
Né à Neuilly-sur-Seine le 25 août 1929, Dominique Fernandez a vite été auréolé de tous les prestiges d'un brillant sujet. Latin, grec, allemand, italien : sa formation a fait de lui un humaniste complet, étranger au moderne cloisonnement des disciplines et des savoirs. Lycéen à Buffon, élève d'hypokhâgne et de khâgne à Louis-le-Grand, après avoir passé son baccalauréat en 1946, Dominique Fernandez est entré à l'École normale supérieure en 1950. Il a été reçu deuxième à l'agrégation d'italien en 1955, et a soutenu un doctorat ès lettres sur L'Échec de Pavese en 1968, dix ans après avoir publié Le Roman italien et la crise de la conscience moderne.
Aux alentours de sa trentième année, l'auteur de Mère Méditerranée (1965) a enseigné deux ans à l'Institut français de Naples. En novembre 1957, il a été brutalement suspendu de ses fonctions pour avoir donné sur Roger Vailland une conférence qui manquait de caractère officiel. De retour en France, l'écrivain a été nommé professeur d'italien dans un lycée de Rennes, puis à l'université de Haute-Bretagne, où il est resté pendant plus de vingt ans. En 1961, il avait épousé la romancière Diane de Margerie dont il a eu deux enfants. Romancier de bonne heure, entré dans la carrière en 1959 avec L'Écorce des pierres, apprécié pour son lyrisme et la précision de son style, lauréat du prix Médicis, en 1974, pour Porporino, et du Goncourt, en 1982, avec Dans la main de l'ange, Dominique Fernandez est l'auteur d'une oeuvre largement placée sous le signe de l'homosexualité.
Un père absent
Ses livres sont aussi marqués par son expérience personnelle des hasards et des risques du monde. Ainsi du destin funeste de son père. Ami de Marcel Proust et d'André Gide, grand critique de la NRF, issu d'une famille aristocratique mexicaine, Ramon Fernandez a fait partie des intellectuels de gauche passés à la collaboration via le PPF de Jacques Doriot. Il est mort, en 1944, avant d'avoir couru le risque d'être fusillé, mais n'en est pas moins resté un écrivain maudit dont on a presque oublié qu'il a laissé quelques grands essais. La fin sordide de ce père absent a beaucoup frappé l'imagination de son fils de 15 ans.
Riche d'un demi-siècle de voyages et d'écriture, l'oeuvre de Dominique Fernandez est restée ouverte, comme s'il y avait toujours pour lui de nouveaux sujets d'enchantement, de nouveaux livres à venir. Et la joie depuis hier de rejoindre bientôt la compagnie des Immortels.
«H πραγματική ευτυχία για μένα είναι να συγκινήσω έναν άνθρωπο με τα βιβλία μου» λέει ο Γάλλος Ακαδημαϊκός, πλέον, Ντομινίκ Φερναντέζ και φαίνεται ότι τα βιβλία του συγκινούν πολλούς ανθρώπους και στην Ελλάδα.
ΑπάντησηΔιαγραφήΤελικώς, η Γαλλία, η «μπουρζουά και συγκρατημένη» πατρίδα του, τίμησε τον πολυγραφότατο συγγραφέα και λογοτεχνικό κριτικό, αν και ο ίδιος την έχει “αρνηθεί τρις”, ίσως, και πλέον: «Ζω και δουλεύω στη Γαλλία αλλά δεν είμαι καθόλου Γάλλος» λέει, όπως έγραψε η Αναστασία Λαμπρία στο Βήμα. «Θα έλεγα ότι έχω τρεις πατρίδες που εγώ έχω επιλέξει. Την Ιταλία που την λατρεύω για την ομορφιά της. Τη Ρωσία, για τον μυστικισμό, την τρέλα της. Το Μεξικό, γιατί από εκεί καταγόταν ο πατέρας μου και γιατί μαζί με τη Βραζιλία έχουν τόσο έντονο το στοιχείο του μπαρόκ. Η Γαλλία παραείναι οργανωμένη, τακτοποιημένη, μπουρζουά, καθησυχασμένη, εσωστρεφής, συγκρατημένη. Ζω στη Γαλλία αλλά για να είμαι ευτυχισμένος ταξιδεύω όσο μπορώ περισσότερο».
*
--[Latin, grec, allemand, italien : sa formation a fait de lui un humaniste complet, étranger au moderne cloisonnement des disciplines et des savoirs.]--
Ο Ντομινίκ Φερναντέζ, πέρα από τη γνώση της αρχαίας ελληνικής γλώσσας είναι τακτικός επισκέπτης της Ελλάδας, κυρίως ως προσκεκλημένος του Γαλλικού Ινστιτούτου. Η πρώτη του, όμως, επίσκεψη στη χώρα μας ήταν το 1952 όταν σε ηλικία 23 ετών έρχεται ως ταξιδιώτης για να γνωρίσει τη γη του Ομήρου, τη γλώσσα του οποίου διάβαζε από τότε στο πρωτότυπο.
Θα μεταφέρω εδώ μια ενδιαφέρουσα άποψη του Ντομινίκ Φερναντέζ, έτσι όπως την είχα καταχωρήσει παλαιότερα σε ένα άλλο μπλογκ:
«Ο Φερναντέζ, στα βιβλία και τις συνεντεύξεις του, υπογραμμίζει τις συμβολικές προεκτάσεις της ομοφυλοφιλίας στις οποίες αποδίδει μεγαλύτερη σπουδαιότητα από τις σεξουαλικές. Ομοφυλόφιλος δεν είναι μόνον αυτός που κοιμάται με άνδρες αντί για γυναίκες, λέει. Είναι επίσης (τουλάχιστον εκείνος ο ομοφυλόφιλος που συμβάλλει στην ομοσεξουαλική κουλτούρα) αυτός που αισθάνεται και σκέπτεται διαφορετικά από τη μάζα των ομοφύλων του, που δεν συγχρωτίζεται με το πλήθος, που δεν αναγνωρίζει τις τρέχουσες αξίες, που δραπετεύει από τα όρια του χρόνου και του τόπου του, που δεν ικανοποιείται από την υποταγή του στο σύστημα και που ακατάπαυστα επιδιώκει έναν διαφορετικό κόσμο, που είναι σε πολλούς άγνωστος.»